mercredi 15 février 2017

Lionel : Retour sur la terre.....



Arrivée en Guyane samedi 11 février au matin, installation dans la marina de Degrad des Cannes et retrouvailles bienheureuses et festives avec Michel et sa Marie-Galante. Un seul problème : la marina n'a ni bar, ni wifi ! Vous aurez donc plus tard, des nouvelles de la nav Brésil-Guyane qui fut ... musclée. Il n'y a pas que notre spi qui s'en souveindra. Stay tuned....
En attendant, voici le dernier article : "Retour sur la terre" de Lionel-Winchy, avec mes remerciements admiratifs et joyeux pour sa participation au blog.
Alexandra


" Et voilà cette fameuse traversée de l'Atlantique Sud est terminée, nous avons rejoint João Pessoa sains et saufs et sommes même arrivés en bonne forme physique. Je ne m'attarderai pas sur l'état psychique de l'équipage étant donné qu'un blog est sensé être composé de petits articles et qu'il faudrait des pages et des pages pour analyser certains comportements, nous dirons ici "étonnants" (le mot "déviants" étant peut être un peu fort) de certains membres de cet équipage. Ne comptez donc pas sur moi pour révéler ici ce genre d'information ... je reste malgré tout à la disposition des proches pour parler d'une prise en charge rapide, certains ayant vraiment besoin d'être rapidement aidés !!!

NDR : la rédaction décline toute responsabilité.

Voilà, c'est dit... de mon côté, tout va bien, je me repose actuellement dans une blanche clinique neuropsychiatrique, " à force de patience et d'inaction, j'ai pu dresser un hanneton " (cf Lunatic Asylum de Gainsbourg)... L'équipage est ici très gentil avec moi, le capitaine qui porte une très jolie blouse blanche me parle avec une voix douce très loin des "mais non ça c'est la contre écoute de foc" de Captain Georgio, la cuisinière aussi a une voix douce et ne me prépare que des repas à base de produits non issus de mort violente et le reste de l'équipage ne me parle pas trop ... moi je les appelle tous Alain mais pourquoi ont-ils tous le regard dans le vide ? Et traitement de faveur, je suis connecté en permanence sur un réseau Wifi dont seul moi possède le mot de passe ...

NDR qui peut vous livrer, sous le sceau du secret, le probable mot de passe de Winchy : « terre terre »

 Comment ?? où ça de la violence !

Enfin, il paraît que tout cela est normal après tout ce que j'ai enduré et qu'écrire me fait du bien... Malgré tout, le soir dans ma chambre capitonnée, je dois vous avouer que cela bouge encore pas mal mais que ces satanés oiseaux de malheur se font de plus en plus rares... Je vous quitte un instant, l'infirmière vient me chercher, je crois que c'est l'heure de mon quart...

NDR : pauvre petit mousse, il s’était si bien comporté…
« C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme, tatatin »

Voilà, c'était mon dernier article sur ce joli blog, tout a une fin même la traversée de l'Atlantique Sud à la voile. Que vous dire en conclusion de tout cela !!!! Eh bien que je suis très très fier d'avoir fait cette traversée, je pense que cela restera le climax de mes aventures maritimes. Je ne pense pas être amené à me ré-attaquer un jour à un tel défi océanique, non pas que l'expérience ait été trop dure mais que désormais j'ai coché la case "grande traversée",  je peux donc me concentrer sur la case cabotage et navigation côtière. *

Qu’allais-je chercher dans cette traversée ? Je vous l'ai déjà écrit, j'y allais pour réaliser un rêve de gosse (Moby Dick, l'île au trésor...). Cet objectif est, je l'écris avec humilité, je pense atteint. Il reste en moi des traces du petit garçon rêveur que j'étais, il faut se battre tous les jours pour les maintenir en surface car le risque de devenir un "vieux con aigri" nous guette tous...

Pour une telle traversée, je pense que le plus difficile après la navigation, et nous, nous avions le meilleur des capitaines, est la vie du groupe dans un espace restreint pendant un temps somme toute long et dans un environnement tellement inhabituel et propice à des angoisses parfois inconnues (immensité, environnement liquide, loin de tout, loin des secours ...). Et là, le ton de ce blog vous en aura certainement convaincu, quel magnifique équipage, aucune faute, solidarité, bonne humeur et joie de vivre au plein milieu de l'Atlantique... Bien sûr, il faut un peu de chance pour une telle traversée, que serait devenu ce magnifique équipage face à des difficultés majeures... eh bien je peux vous le dire aujourd'hui, il aurait fait face comme il aurait pu mais il aurait fait face...

Un grand grand merci à Alexandra et Georges, ils sont indissociables et Bluenote leur va si bien. Un grand merci pour leur accueil, leur gentillesse, leur joie de vivre, le courage qu'il leur faut pour accueillir des équipiers dont certains franchement ne sont pas au niveau et aussi pour leur incroyable réseau intercontinental (un cousin, une cousine ou un ami dans chaque port).
Un grand bravo à mon partenaire Alain des couchettes bâbords, qui j'en suis sûr, partage avec moi l'accomplissement d'un rêve de gosse. Il est tous les jours tellement heureux d'être là où il est (càd au milieu de la mer) que cela irradie l'ensemble de l'équipage. Je ne veux pas trop lui mettre la pression, mais je pense qu'il faudra qu'il se fasse violence pour nous offrir un tout petit article sur ce blog : l'Indien, l'Atlantique, l'Equateur, les Caraïbes ... what else ?

NDR rougissante sous les compliments… Et bien d’accord avec Winchy pour qu’Alain nous offre un jour ses impressions écrites.

Allez bon vent à tous...

Winchy (pour les intimes)


* Après réflexion, il me reste bien une grande traversée qui me tenterait avant l'inévitable solitaire traversée du Styx ... Il s'agirait cette fois ci de faire le survol de la planète bleue mais là, je compte plutôt sur ma petite fillote ou mon petit fillot pour la réaliser. Ci-dessous, une magnifique photo réalisée par la NASA et prise de la lune. On voit bien Cape Town et João Pessoa, il existe une version haute définition ou paraît-il en zoomant on voit très nettement Bluenote et son équipage en pleine manœuvre, très impressionnant la cohésion aux dires des équipes de Huston.



NDR : Bon vent à Lionel qui fut un Winchy inoubliable et délicieux ainsi qu’à sa future descendance dont il a eu les 1ères nouvelles à bord, via l’échographie de sa belle-fille. Prochaines nav ensemble, avant le Styx et le voyage spatial : vers la Corse pour ajouter à la traversée de l’Atlantique Sud celle continent-Corse ! On fera la course avec le First 30 d’Alain et Patrick !! Alain me demande d’ajouter : «avec handicap pour Bluenote» et Captain Georgio, pour  brider Bluenote, lui promet d’alourdir ses réservoirs et ses fonds avec…. du vin !



dimanche 5 février 2017

ALEXANDRA : Traversée Saint Helena - Joao Pessoa, Brésil et Départ..



Notre halte au Brésil s’achève. Bluenote bien installé dans la marina de notre ami Francis à Jacaré  : http://www.marina-jacare-village.com/wordpress
Nous en avons profité pour visiter les alentours avec Francis - un grand merci à lui  pour son accueil et sa disponibilité - ainsi que la ville de Olinda, un petit bijou situé à 120 km au sud de Joao Pessoa. Nous y avons fait nos au-revoir à notre mousse préféré, Lionel, qui devait prendre son avion pour la France à Recife. Vous imaginez qu’on a dignement (euh….dignement ??!!!) fêté son départ. Entre autres dans le restaurant de Jaime Alves, un portugais auparavant installé à Paris : un régal aussi chaleureux aux papilles qu’à l’âme : le restaurant et bar Sabores Ibericos à Olinda.


Bluenote reprend la mer aujourd’hui, dimanche 5 février : nous nous dirigeons vers la Guyane. Une semaine de navigation pour un équipage de 3 personnes : Captain Georgio, Alain et Alexandra, votre rédactrice. 

Mais revenons un peu à cette traversée de Saint Helena à Joao Pessoa. Qui peut se résumer ainsi : 
" Ne vous inquiétez pas d'avancer lentement ; inquiétez-vous seulement si vous êtes arrêté." Proverbe chinois


Photo pour vous permettre un instant de méditation sur ce sage conseil :


Nous, sans l’approfondir outre mesure, nous l’avons suivi pendant cette 2nde partie de traversée : notre progression fut lente, très lente. Une fois nous nous serions même arrêtés si nous n’avions pas eu recours au moteur : un matin il y eut 0 nœud de vent ! Nous avons mis 11 jours et demi. Et c’est un comble, il nous a fallu ralentir sur la fin, donc naviguer sous seul foc, les dernières douze heures sinon nous serions arrivés de nuit à Jacaré.

Je ne peux donc vous faire frémir avec des récits de chevauchée fantastique sur les crêtes acérées de l’Atlantique Sud, ni vous emporter dans une réalité liquide  affolante. Il n’y eut d’effrayantes que les terreurs nocturnes de Lionel puis moi, dues à nos passagers clandestins et leur funèbre destinée. Il n’y eut d’épique que nos parties de cartes et des apéros dont tous les jours un prétexte se présentait. Exemples :
- franchissement du méridien de Greenwich, le méridien 0, le passage d’Est en Ouest pour le calcul des heures du monde
- lente mais sûre remontée des parallèles terrestres et maritimes, ce qui se ressentait au niveau de la chaleur grandissante à bord
- pêches mémorables racontées par Lionel sous l’angle du vegan effarouché
- un cargo aperçu au loin : oui, ça se fête car nous n’en avons aperçu que 2.

De même que ce matin nous sommes heureux de reprendre la mer après un excellent petit séjour à Joao Pessoa, la séparation d’avec l’étrange petite île de Saint Helena et ses quelques 5 000 habitants métissés d’horizons lointains se fit sans nostalgie et en douceur comme pour nous permettre de nous en remémorer les moments saillants. L’île s’offrait à nous sous une nouvelle perspective et nous revoyions des routes empruntées avec Collin et sa Chevrolet de 1929 qui nous mena à la découverte de l’île et du souvenir de Napoléon : un tombeau vide et un fantôme dans une maison qui suinte regrets et  mélancolie dans cette île qui voudrait renier son passé de maton.

Au chapitre des moments marquants dans l’île se place en première place notre ascension de la Jacob ladder : un escalier de 699 marches partant de Jamestown pour arriver en haut de la falaise.

Un plan incliné construit au début du XIXème siècle pour atteindre depuis la mer le fort : deux rails et des marches. Les rails ont disparu, il reste les marches : 699 marches. Nous les avons montées. Nous les avons  descendues. Confirmation : c’est encore plus fatigant à la descente ! 





Arrivés en haut, on est récompensé par le panorama ainsi dévoilé :
Autre point remarquable de Saint Helena : on ne peut pas débarquer en annexe car il n'y a aucun ponton. C'est un petit bateau, le Ferry boat, qui nous fait faire les trajets entre le bateau et l'île et nous dépose à un débarcadère où il faut attraper des cordes pour s'élancer et atteindre, at last, la terre !





Revenons à la traversée qui peut aussi se résumer ainsi car il y eut peu à voir :

" Mieux vaut regarder là où on ne va pas,
parce que là où on va, on saura ce qu'il y a quand on y sera ;
et de toute façon, ce ne sera jamais que de l'eau.
Les marins Shadoks

et à ma rubrique fétiche : De l’appro

A l’escale de Saint Helena, comme tous les bateaux depuis la découverte de l’île par les portugais -qui au début en avaient falsifié les coordonnées géographiques pour éviter de se la faire prendre par les anglais ou hollandais-  nous nous réjouissions de pouvoir nous réapprovisionner. Malheureusement ce réappro en vivres frais fut vite réglé : il n’y en avait pas ! Avec un peu de chance et parce que le RMS Saint Helena était arrivé en même temps que nous, le lundi matin, on a pu se trouver dans un des petits supermarchés au moment où un lot de concombres et de tomates était déversé sur un étal. Au hasard de notre balade dans l’île l’écriteau « local potatoes » m’est apparu et vous imaginez bien que j’ai sauté de la Chevrolet pour aller faire le plein de patates, délicieuses d’ailleurs.
Seul endroit de l'île où nous vîmes un potager : 

Plantation House, ça n’est pas une plaisanterie. Plantation House est la demeure du gouverneur. Ou plutôt de La gouverneuse. Son mari et leur fils ne sont pas sur l’île. Elle a pour compagnon une tortue géante qui est le plus vieil animal vivant du monde : Jonathan !



 
Pour le reste, on a fait comme le marin shadok, on a acheté surtout des bouteilles !



Last but not least : cette traversée de l’Atlantique Sud et le stop à Saint Helena sont aussi remarquables sur un plan personnel qui concerne Lionel et moi : l’arrêt de la cigarette ! Pourtant les tentations étaient grandes à terre où les cigarettes sont vendues à l’unité et sur l’échelle de Jacob où des amas de clopes par endroits nous ont stupéfiés car ça n’est pas pendant cette ascension que nos tentations furent les plus grandes. Pourtant certains s’y sont arrêtés pour fumer :


Au Cap, avant notre départ, cette photo fut prise pour marquer le coup de cette décision importante :

So we did it !!!

A bientôt en Guyane et sur notre balise, pendant cette dernière traversée pour moi qui rentrerais alors en France :

Lien pour nous suivre sur la balise :
Identifiant : Bluenote
Mot de passe : Delaporte

SARAVAH ! avec un grand merci à Valerio Lima qui nous a permis de faire un bel appro de fruits et légumes au marché de Joao Pessoa et fait découvrir d’autres lieux de la ville. Quels heureux et bons moments passés avec lui et Marie-Laure :