Ce matin, mon quart a débuté à 6h ! Appel de Georgio (via JP et Viber) pour m’annoncer que Bluenote et l’équipage sont dans les starting-blocks : ils s’élancent vers Rodrigues. Arrivée prévue dans 11 jours.
Voilà les impressions de
Jean-Pierre, le vendredi 26 août, Bluenote se préparant au grand saut de
2.400 milles entre Asie et Afrique :
" Longs instants avant le grand saut
Vendredi 26 août – 8h30 ; Cocos Keeling, face à Direction Island.
Il pleut sur les îles Cocos. Une
pluie fine, venue du sud portée par un vent qui a changé de secteur.
Avec quatre autres bateaux
qui mouillent face à Direction Island, nous sommes condamnés à l’attente. Une
attente qui commence à peser tant il est vrai que l’envie de prendre le large étonnamment
me démange, moi qui me pensais indécrottable terrien.
En deçà du front, les vents
annoncés sont de secteur nord, de faible intensité ; au-delà ils soufflent du
sud avec des forces qui peuvent atteindre les quarante nœuds voire les
dépasser.
Tous les modèles météos
téléchargés jusqu’ici, confirment le phénomène, à quelques variantes près. Les
vents devraient être à leur pleine puissance vendredi prochain avant un début
d’évacuation du front le week-end.
A priori, nous sommes donc
sur une perspective de départ dimanche ou plus sûrement lundi. En attendant,
Captain Georgio met à profit le temps dont nous disposons pour préparer
Bluenote au grand saut de deux mille quatre cents milles entre Asie et Afrique.
L’hydrogénérateur qui, par un
système de filtrage haute pression, transforme l’eau de mer en eau douce,
tourne sans discontinuer pour remplir les six cents
litres des réserves. Hier, il est
monté (et moi aussi) au sommet du mât pour une vérification qui n’a rien révélé
d’anormal puis il a passé en revue le circuit de transmission du pilote
automatique aux deux safrans.
Demain samedi, nous
retournerons au supermarché de Bantam Village pour compléter le premier
approvisionnement réalisé mercredi. L’avion de fret doit arriver ce soir, nous
espérons trouver les produits frais qui nous manquent.
Pour nous rendre de Direction
Island, notre île de Robinson, à Home Island où l’on peut se ravitailler, le
seul moyen est de naviguer au jugé entre les récifs coralliens à bord de
l’annexe de Bluenote. Un voyage d’une demi-heure, souvent humide, avant
d’accoster, à côté du port, le long d’un ouvrage de défense constitué de sacs
de sable en géotextile.
Le reste du temps, nous
l’occupons comme nous pouvons : plongées sur les récifs coralliens sous la
surveillance de requins pointes noires de belle taille, lecture et cuisine en
ce qui me concerne.
Pour ce qui est des « folles
nuits » de Cocos Keeling, elles s’achèvent généralement à 21h30 après la
vaisselle et, éventuellement, un petit rhum-orange agrémenté de sucre de palme
car, hélas, nous n’avons plus de citrons verts. ( What a pity ! NDT)
(...)Même jour, même endroit, 14h30.
Les deux fonctionnaires de la
police et des douanes que nous avions vus lundi, viennent de quitter le bord
après avoir apposé le visa de sortie sur nos passeports : le compte à rebours
du départ est engagé.
Dans la matinée nous nous
sommes rendus sur Direction Island pour télécharger, à côté de la borne wifi,
le dernier modèle météo. Il confirme en les affinant, les modèles précédents.
La perturbation sud parvient donc à franchir une zone de convergence et à
remonter vers le nord-ouest pour très rapidement perdre de sa puissance.
En optant pour une route plus
au sud que prévu, nous devrions pouvoir la contourner en partie.
Vendredi prochain en début
d’après-midi jusqu’au samedi en milieu de matinée, nous traverserons cependant
un épisode de vents forts, annoncés à trente nœuds mais qui devrait atteindre
les quarante, voire les dépasser.
Nous naviguerons alors
qu'avec le tourmentin comme voile d’avant et la grand-voile réduite de trois
ris. Inconfortable sans doute, mais rien qui serait susceptible de nous
exposer, estime Captain Georgio.
Nous continuerons à
télécharger les grandes cartes météo jusqu’à notre départ et, grâce au
téléphone satellitaire, des cartes limitées aux zones que nous traverserons en
navigation mais, si rien ne change, nous quitterons l’archipel de Cocos Keeling
dimanche dans la matinée pour dix jours de mer sans voir une côte.
La perspective du départ nous
redonne du tonus. Alain s’est procuré ce matin une planche en bois flotté. Il y
a gravé le nom du bateau, l’année, le nom de la ville de Sète ainsi qu’une
croix occitane.
Lors d’une cérémonie
officielle où nous avons prévu de chanter la «Coupo Santo » et « Chagrin faï ta
mala » qui, comme tout le monde sait, sont les hymnes de la nation occitane et
de la principauté sétoise, nous la fixerons ce soir au poteau du petit
carrefour du monde sur Direction Island.
Une façon comme une autre
d’annexer, sentimentalement, cette cocoteraie du bout du monde, sans solliciter
l’avis de sa propriétaire : sa gracieuse majesté Élisabeth II, reine
d’Angleterre et de tous les pays du Commonwealth dont l’Australie. "
Alexandra, 8h10 dimanche 28 août, à Sète : Au
moment où j’écris, ils lèvent l’ancre !
Pour ceux qui veulent
prolonger la visite aux Cocos Keeling, voici une vidéo tournée par des
plaisanciers à Cocos Keeling, restés quelques semaines en mai 2015. Cela nous
donne un aperçu de la semaine que Georges, Jean-Pierre et Alain ont pu avoir
comme activités dans ce petit paradis :
Info technique concernant la communication : je
conseille à ceux qui voyagent et qui ont Bouygues, comme FAI, de télécharger
leur application World and you : elle permet d’appeler de l’étranger tous
les numéros fixes ou portables vers la France métropolitaine, en Wifi, mais
sans avoir besoin de s’y inscrire. Encore faut-il que votre téléphone
fonctionne ce qui n’est plus le cas de celui de Georgio en ce moment !