La
traversée Nouméa-Bali de 22 jours avec quelques stops de nuit sur la grande
barrière de corail s’est bien passée. Quelques casses sans gravité : le
cordage retenant l’étai de foc dans le mât, au niveau du capelage, a été
cisaillé par la chaussette de spi, suite à une cocotte du spi, mais l’étai
n’est pas tombé ; le spi a subi 2 petits accrocs qu’il a fallu réparer car
c’était la seule voile d’avant qu’il leur restait avec le gennaker. Et beaucoup
de bas de lignes et de rapalas perdus ! Mais du poisson fut pêché, ce qui
apporte toujours à bord émotions suivies des plaisirs de bouche.
En
attendant nos retrouvailles familiales après plusieurs mois de séparation Bluenote s’est installé au Yatclub de
Denpasar de Bali, à Benoa. On a connu des yatchclub plus chaleureux, utiles et
efficaces ! On peut quand même y prendre un verre et manger quelques plats
locaux mais uniquement à l’heure du déjeuner. Mais attention aux rats quand on
sort la coppa apportée de Corse : l’un d’eux a pointé son museau grimpant
par une amarre alors que nous nous en régalions. Oui je ne suis pas l’amie de
toutes les bêtes, nous l’avons chassé et poursuivi sur les pontons !
J’ai
préféré une photo du capitaine avec moi plutôt que celle du rat ou de Marthe
et son père chassant l’intrus :
Mais
reprenons : Marthe et Olivier m’accompagnaient dans ce grand voyage vers
l’Indonésie, et plus encore vers Georges et Bluenote. Bon voyage, pas de
retard, et l’arrivée, enfin ! Choc du climat à la sortie de
l’aéroport : humidité et chaleur de l’air qui vous saisissent, le corps
ruisselle immédiatement et l’air semble ne plus pouvoir y circuler. J’aime ça
mais Marthe et Olivier en ont été surpris. Puis ils ont découvert le bateau
qu’ils ne connaissaient pas et pris leur marque dans leur cabine, un brin suffocante
elle aussi comme l’air. Car, dans les ports, à moins d’avoir la chance d’être à
une place face au vent, on n’a peu d’air dans les cabines.
Voilà Marthe et Olivier devant de
belles rizières quand ils se seront habitués au climat :
Le
lendemain, 1ères prises de contact avec Bali. Sa circulation d’abord : anarchique,
dense, composée de 60% de scooters et 40% de voitures, à la vitesse réduite, ce
qui vaut mieux compte tenu de l’absence de règles de conduite des scooters à
qui, 1 ou 2 légers coups de klaxon, permettent de se déplacer de tous côtés
pour se frayer le meilleur chemin. Nous
avons pris une camionnette-taxi dont la porte latérale restait ouverte
pendant le trajet -surprenant mais efficace pour éviter de crever de chaud- ce
qui nous permettait d’entendre et tenter de comprendre les déplacements des
véhicules balinais. Mais Bali c’est surtout sa végétation tropicale sur fond
de temples en pierre volcanique, petits
et grands, dans chaque maison et village, et des offrandes déposées devant les
maisons, les magasins, dans les autos, même sur les scooters. Il y a aussi à
Bali la monnaie : nos portefeuilles arrivés chichement garni de quelques
billets d’euros se retrouvent après le change rebondis comme ceux des
millionnaires. On compte et entasse les liasses de billets de 100.000 roupies
et repartons avec quelques millions en poche : sensation unique dans la
vie donc plaisante !
Nous
faisons un petit appro car nous allons prendre le large, 8 jours, cap vers les
îles à l’Est de Bali. Après une douzaine de milles mais dans une mer agitée due
à la traversée du détroit de Lombok, nous mouillons à Lembongan. Et pouvons
enfin prendre un 1er bain dans la mer chaude de l’océan indien.
Ce
sera ensuite un mouillage au sud de Lombok : entrée dans une baie, en
prenant garde aux innombrables filets de pêcheurs, pour y mouiller, seuls au
monde. Voilà pourquoi on part en bateau !
Changement
de décor, nous allons ensuite dans 1 des 3 petites îles, très touristiques, au
nord-ouest de Lombok : Gili Air. Des eaux claires, bonnes possibilités de
snorkelling et de plongées et, à terre, dont on fait le tour à pied en 1 heure,
du sable, des petites carrioles attelées à des petits chevaux et des motos
électriques (dont Georges et moi rêvons pour Sète car un look et un prix
d’enfer : 6 millions de rp = 400 € ! : j’ai enfin trouvé mon
cadeau d’anniv !). On y passe 3 jours de rêves, avec haltes privilégiées
donc nombreuses, alanguis à l’ombre ventilée d’un berugak. Voilà la vie telle
qu’on la rêve :
Infos
type Guide touristique sur la cuisine balinaise : on mange du riz avec des
légumes, un peu de piment, du poulet ou des poissons grillés. C’est tout ce que
j’aime ! Je rassure les connaisseurs, le nasi goreng (= fried rice) est toujours aussi bon. Accompagné ou
non de quelques sate (= petites
brochettes à la sauce cacahuètes). Mais Bali restera pour moi le lieu où,
enfin, j’ai réussi à aimer la bière ! 40 ans que je me désolais de ne pas
pouvoir profiter de ce plaisir manifeste des voyageurs exténués par la chaleur
et les aléas du voyage à se désaltérer avec une p’tite bière glacée ! A
Bali, c’est de la Bintang, et c’est donc délicieux !
Mais
revenons au voyage et à celui qui se profile grâce aux mots d’un des futurs équipiers
de l’Indien, Jean-Pierre, qui nous livre dans son blog "Les voiles
de l’Indien", ses impressions, ses attentes, ses rêves
sur cette traversée qu’il s’apprête à faire avec Georges et Bluenote. On
ressent la présence de Jean-Pierre dans ses mots, on sent son souffle, ses
enthousiasmes, ses interrogations et celles d’Édith, son épouse. Tout cela compose
un ensemble vivant, heureux, c’est un bonheur de le lire. (Qui se renouvellera
au fil des jours.)
En
voici un extrait mais lisez l’intégralité, vous vous régalerez :
http://oceanindienalavoile.over-blog.com
" Rêve
d'océan au petit matin
Mardi
2 août - 6h : Je ne dors pas depuis un moment déjà et pourtant je devrais. Les
nuits sont courtes en cet été de canicule, battu par une Tramontane de feu.
Elles te laissent sur le flanc une partie de la journée, porté par une sorte de
torpeur, épaisse, qui annihile tout, y compris le cheminement exploratoire de
la pensée. Je plaide coupable : l'été est une saison à laquelle je finis
toujours par succomber. Relâche totale : plus de sport, très peu de bouquins,
beaucoup de rosé frais... Trop ? Bien sûr. Trop. Alors je devrais dormir plutôt
que d'écrire ces lignes sans grand intérêt où je gratte sur le papier, la peau
irritée de mes états d'âme. Vous n'avez rien à fiche de mes états d'âme,
n'est-ce pas ?
A
moins que mon insomnie ne réveille chez vous un rêve assoupi. Celui de
l'enfance fertile où l'imagination résistait à tout même aux canicules
estivales. Un rêve de grand large, de vent et de sel. Un rêve de voyage... Je
vais donc m'y attacher.
Mardi
2 août - 6h32 : ... Car si je ne dors pas à l'heure où rosit la lagune ridée
par les prémices de la Tramontane, à l'heure où les voisins viennent sur la
berge faire pisser leurs cleps boulimiques, c'est parce qu'au fur et à mesure
des jours qui filent vers ce 9 août coché depuis des mois sur mon agenda, je ne
cesse de penser à Lui. Lui, l'Indien sur lequel je vais mettre les voiles.
L'Indien, l'Océan des océans, l'océan des forces brutes, des moussons
violentes, des tsunamis meurtriers. L'Indien de Monfreid qui navigua certes en
Mer Rouge mais aussi au large des Somalies bien au sud de la Corne de
l'Afrique, de Jules Verne avec lequel il m'arriva comme à bien d'autres, de
m'embarquer en mer d'Oman dans le sillage de Phileas Fogg. L'Indien du grand
Amitav Ghosh, celui des terres immergées par ses vagues salées et les
cataractes des fleuves himalayens au fond du golfe du Bengale. Celui de
Kavvadias surtout. Nikos Kavvadias, poète et marin, poète comme le sont la
plupart des Grecs, marins comme ils le sont aussi, tous ou presque, à
l'exception notable des jobards d'Aube Dorée qui sont à la Grèce ce que la
bouse est au cul des vaches..."
Nous sommes ce fameux 9 août,
Jean-Pierre et Alain, le 2nd équipier, vont s’envoler vers Bluenote, Georges et moi regagnerons
la marina de Denpasar pour que leur arrivée, à minuit, le 10, en soit
facilitée. Inutile en effet de commencer le voyage par des sacs qui auront pris
quelques giclées et un bain d’eau de mer, au fond d’une annexe pour regagner le
bateau qui serait au mouillage !
Stay tuned ! et à la
vôtre :
Alexandra à Serangan, Bali.
Merci, merci Alexandra pour ces nouvelles. Quel talent, c'est un bonheur de te lire. Passionnant. Dites donc vous êtes superbes les amoureux. J'envoie la photo au journal des têtes couronnées, ça va en faire rêver plus d'une. Je vous embrasse très fort.
RépondreSupprimerCoucou aujourd'hui j'ai fait une ballade en bâteau , on est partis au lof et oh malheur à l'abbattee puis le pousse-bas s'est cassé. Heureusement nous avons pu rentrer en Surt. Ouf !!!!!!!! Biz
SupprimerHello les grands navigateurs d'empire magnifique ! Merci de nous faire partager vos aventures exotiques!!!. Nous n'avons pas compris si Alexandra faisait la traversée de l'océan indien elle aussi. Ça serait cool d'avoir quelques photos supplémentaires de vos aventures. Bises à tout l'équipage de la part de Pierre, Isabelle, Alice et Hélène.
RépondreSupprimerCoucou, je ne fais pas l'Indien, je les quitte le 15 août. Moi je m'envole dans les airs, eux s'élancent sur l'océan. Oui il y aura d'autres photos dans les prochains articles ! Bises
SupprimerPeux tu livrer un dico spécial navigation pour les nuls pour le début de ton texte!!!;;;)))))
RépondreSupprimerMerci
Ohhh Thierry ! Tu aurais oublié les leçons dispensées par le Cap’tain Georgio le long des côtes d’Espagne ! Ne pouvant le croire, je ne te ferai pas l’affront de répondre à ta demande. Quoique…. cela pourrait me servir… je n’ai pas tout compris quand je notai, sous la dictée de Georgio, le début du texte ;;;)))
RépondreSupprimerQuel bonheur de te lire !!!! J'ai l'impression d'être avec vous !
RépondreSupprimerGrazzie mille !
Vannina