mardi 9 août 2016

Escale dans les îles de la Sonde


La traversée Nouméa-Bali de 22 jours avec quelques stops de nuit sur la grande barrière de corail s’est bien passée. Quelques casses sans gravité : le cordage retenant l’étai de foc dans le mât, au niveau du capelage, a été cisaillé par la chaussette de spi, suite à une cocotte du spi, mais l’étai n’est pas tombé ; le spi a subi 2 petits accrocs qu’il a fallu réparer car c’était la seule voile d’avant qu’il leur restait avec le gennaker. Et beaucoup de bas de lignes et de rapalas perdus ! Mais du poisson fut pêché, ce qui apporte toujours à bord émotions suivies des  plaisirs de bouche.

En attendant nos retrouvailles familiales après plusieurs mois de séparation   Bluenote s’est installé au Yatclub de Denpasar de Bali, à Benoa. On a connu des yatchclub plus chaleureux, utiles et efficaces ! On peut quand même y prendre un verre et manger quelques plats locaux mais uniquement à l’heure du déjeuner. Mais attention aux rats quand on sort la coppa apportée de Corse : l’un d’eux a pointé son museau grimpant par une amarre alors que nous nous en régalions. Oui je ne suis pas l’amie de toutes les bêtes, nous l’avons chassé et poursuivi sur les pontons !
J’ai préféré une photo du capitaine avec moi plutôt que celle du rat ou de Marthe et son père chassant l’intrus :


Mais reprenons : Marthe et Olivier m’accompagnaient dans ce grand voyage vers l’Indonésie, et plus encore vers Georges et Bluenote. Bon voyage, pas de retard, et l’arrivée, enfin ! Choc du climat à la sortie de l’aéroport : humidité et chaleur de l’air qui vous saisissent, le corps ruisselle immédiatement et l’air semble ne plus pouvoir y circuler. J’aime ça mais Marthe et Olivier en ont été surpris. Puis ils ont découvert le bateau qu’ils ne connaissaient pas et pris leur marque dans leur cabine, un brin suffocante elle aussi comme l’air. Car, dans les ports, à moins d’avoir la chance d’être à une place face au vent, on n’a peu d’air dans les cabines.
Voilà Marthe et Olivier devant de belles rizières quand ils se seront habitués au climat :


Le lendemain, 1ères prises de contact avec Bali. Sa circulation d’abord : anarchique, dense, composée de 60% de scooters et 40% de voitures, à la vitesse réduite, ce qui vaut mieux compte tenu de l’absence de règles de conduite des scooters à qui, 1 ou 2 légers coups de klaxon, permettent de se déplacer de tous côtés pour se frayer le meilleur chemin.  Nous avons pris une camionnette-taxi dont la porte latérale restait ouverte  pendant le trajet -surprenant mais efficace pour éviter de crever de chaud- ce qui nous permettait d’entendre et tenter de comprendre les déplacements des véhicules balinais. Mais Bali c’est surtout sa végétation tropicale sur fond de  temples en pierre volcanique, petits et grands, dans chaque maison et village, et des offrandes déposées devant les maisons, les magasins, dans les autos, même sur les scooters. Il y a aussi à Bali la monnaie : nos portefeuilles arrivés chichement garni de quelques billets d’euros se retrouvent après le change rebondis comme ceux des millionnaires. On compte et entasse les liasses de billets de 100.000 roupies et repartons avec quelques millions en poche : sensation unique dans la vie donc plaisante !

Nous faisons un petit appro car nous allons prendre le large, 8 jours, cap vers les îles à l’Est de Bali. Après une douzaine de milles mais dans une mer agitée due à la traversée du détroit de Lombok, nous mouillons à Lembongan. Et pouvons enfin prendre un 1er bain dans la mer chaude de l’océan indien.
Ce sera ensuite un mouillage au sud de Lombok : entrée dans une baie, en prenant garde aux innombrables filets de pêcheurs, pour y mouiller, seuls au monde. Voilà pourquoi on part en bateau !

Changement de décor, nous allons ensuite dans 1 des 3 petites îles, très touristiques, au nord-ouest de Lombok : Gili Air. Des eaux claires, bonnes possibilités de snorkelling et de plongées et, à terre, dont on fait le tour à pied en 1 heure, du sable, des petites carrioles attelées à des petits chevaux et des motos électriques (dont Georges et moi rêvons pour Sète car un look et un prix d’enfer : 6 millions de rp = 400 € ! : j’ai enfin trouvé mon cadeau d’anniv !). On y passe 3 jours de rêves, avec haltes privilégiées donc nombreuses, alanguis à l’ombre ventilée d’un berugak. Voilà la vie telle qu’on la rêve :


Infos type Guide touristique sur la cuisine balinaise : on mange du riz avec des légumes, un peu de piment, du poulet ou des poissons grillés. C’est tout ce que j’aime ! Je rassure les connaisseurs, le nasi goreng (= fried rice) est toujours aussi bon. Accompagné ou non de quelques sate (= petites brochettes à la sauce cacahuètes). Mais Bali restera pour moi le lieu où, enfin, j’ai réussi à aimer la bière ! 40 ans que je me désolais de ne pas pouvoir profiter de ce plaisir manifeste des voyageurs exténués par la chaleur et les aléas du voyage à se désaltérer avec une p’tite bière glacée ! A Bali, c’est de la Bintang, et c’est donc délicieux !

Mais revenons au voyage et à celui qui se profile grâce aux mots d’un des futurs équipiers de l’Indien, Jean-Pierre, qui nous livre dans son blog "Les voiles de l’Indien", ses impressions, ses attentes, ses rêves sur cette traversée qu’il s’apprête à faire avec Georges et Bluenote. On ressent la présence de Jean-Pierre dans ses mots, on sent son souffle, ses enthousiasmes, ses interrogations et celles d’Édith, son épouse. Tout cela compose un ensemble vivant, heureux, c’est un bonheur de le lire. (Qui se renouvellera au fil des jours.)

En voici un extrait mais lisez l’intégralité, vous vous régalerez :
http://oceanindienalavoile.over-blog.com

" Rêve d'océan au petit matin

Mardi 2 août - 6h : Je ne dors pas depuis un moment déjà et pourtant je devrais. Les nuits sont courtes en cet été de canicule, battu par une Tramontane de feu. Elles te laissent sur le flanc une partie de la journée, porté par une sorte de torpeur, épaisse, qui annihile tout, y compris le cheminement exploratoire de la pensée. Je plaide coupable : l'été est une saison à laquelle je finis toujours par succomber. Relâche totale : plus de sport, très peu de bouquins, beaucoup de rosé frais... Trop ? Bien sûr. Trop. Alors je devrais dormir plutôt que d'écrire ces lignes sans grand intérêt où je gratte sur le papier, la peau irritée de mes états d'âme. Vous n'avez rien à fiche de mes états d'âme, n'est-ce pas ?
A moins que mon insomnie ne réveille chez vous un rêve assoupi. Celui de l'enfance fertile où l'imagination résistait à tout même aux canicules estivales. Un rêve de grand large, de vent et de sel. Un rêve de voyage... Je vais donc m'y attacher.

Mardi 2 août - 6h32 : ... Car si je ne dors pas à l'heure où rosit la lagune ridée par les prémices de la Tramontane, à l'heure où les voisins viennent sur la berge faire pisser leurs cleps boulimiques, c'est parce qu'au fur et à mesure des jours qui filent vers ce 9 août coché depuis des mois sur mon agenda, je ne cesse de penser à Lui. Lui, l'Indien sur lequel je vais mettre les voiles. L'Indien, l'Océan des océans, l'océan des forces brutes, des moussons violentes, des tsunamis meurtriers. L'Indien de Monfreid qui navigua certes en Mer Rouge mais aussi au large des Somalies bien au sud de la Corne de l'Afrique, de Jules Verne avec lequel il m'arriva comme à bien d'autres, de m'embarquer en mer d'Oman dans le sillage de Phileas Fogg. L'Indien du grand Amitav Ghosh, celui des terres immergées par ses vagues salées et les cataractes des fleuves himalayens au fond du golfe du Bengale. Celui de Kavvadias surtout. Nikos Kavvadias, poète et marin, poète comme le sont la plupart des Grecs, marins comme ils le sont aussi, tous ou presque, à l'exception notable des jobards d'Aube Dorée qui sont à la Grèce ce que la bouse est au cul des vaches..."


Nous sommes ce fameux 9 août, Jean-Pierre et Alain, le 2nd équipier, vont s’envoler vers Bluenote, Georges et moi regagnerons la marina de Denpasar pour que leur arrivée, à minuit, le 10, en soit facilitée. Inutile en effet de commencer le voyage par des sacs qui auront pris quelques giclées et un bain d’eau de mer, au fond d’une annexe pour regagner le bateau qui serait au mouillage !

Stay tuned ! et à la vôtre :


Alexandra à Serangan, Bali.

7 commentaires:

  1. Merci, merci Alexandra pour ces nouvelles. Quel talent, c'est un bonheur de te lire. Passionnant. Dites donc vous êtes superbes les amoureux. J'envoie la photo au journal des têtes couronnées, ça va en faire rêver plus d'une. Je vous embrasse très fort.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou aujourd'hui j'ai fait une ballade en bâteau , on est partis au lof et oh malheur à l'abbattee puis le pousse-bas s'est cassé. Heureusement nous avons pu rentrer en Surt. Ouf !!!!!!!! Biz

      Supprimer
  2. Hello les grands navigateurs d'empire magnifique ! Merci de nous faire partager vos aventures exotiques!!!. Nous n'avons pas compris si Alexandra faisait la traversée de l'océan indien elle aussi. Ça serait cool d'avoir quelques photos supplémentaires de vos aventures. Bises à tout l'équipage de la part de Pierre, Isabelle, Alice et Hélène.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou, je ne fais pas l'Indien, je les quitte le 15 août. Moi je m'envole dans les airs, eux s'élancent sur l'océan. Oui il y aura d'autres photos dans les prochains articles ! Bises

      Supprimer
  3. Peux tu livrer un dico spécial navigation pour les nuls pour le début de ton texte!!!;;;)))))
    Merci

    RépondreSupprimer
  4. Ohhh Thierry ! Tu aurais oublié les leçons dispensées par le Cap’tain Georgio le long des côtes d’Espagne ! Ne pouvant le croire, je ne te ferai pas l’affront de répondre à ta demande. Quoique…. cela pourrait me servir… je n’ai pas tout compris quand je notai, sous la dictée de Georgio, le début du texte ;;;)))

    RépondreSupprimer
  5. Quel bonheur de te lire !!!! J'ai l'impression d'être avec vous !

    Grazzie mille !

    Vannina

    RépondreSupprimer