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Vendredi 23 Septembre : Nous sommes arrivés dans le port du Port, au nord-ouest de l'île, vers
10h du matin, à l'issue d'une traversée assez éprouvante pour moi. Je suis
arrivé avec un niveau de fatigue élevé, et moins de 12h après avoir posé le
pied sur Maurice, il fallait déjà repartir, en mer cette fois. Les deux
premières heures après avoir quitté Port Louis se sont déroulées normalement,
mais arrivés au large, juste après avoir mangé quelque chose d'un peu écœurant,
je me suis senti assez mal, alors que nous filions vers le large dans la nuit.
Je suis allé m'allonger, ce qui a fait passer le mal de mer, mais quand je suis
revenu pour tenir mon premier quart, je sentais bien que ça n'allait pas trop.
J'ai tenu tant bien que mal pendant une bonne heure jusqu'au moment où le vent
s'est renforcé, ce qui était une consigne pour réveiller le capitaine. Une fois
la chose faite, je suis retourné m'allonger... et dormir quelques heures, car
de toutes façons j'étais vraiment crevé et peu capable de tenir le quart.
Finalement, j'ai émergé vers 4h du matin, et je suis directement allé relever
Georges qui avait bien du tenir le coup, en dépit de son manque de sommeil
!
J'ai tenu
le dernier quart oscillant encore entre fatigue résiduelle et léger mal de mer,
m'allongeant un moment entre les différents contrôles de cap du bateau, de
vitesse du vent, direction du vent, détection de navire (visuelle et radar), de
4 à 6h, lever du jour, où les côtes réunionnaises dont je ne voyais que les
lueurs se rapprochaient nettement. En dépit de mon état un peu hésitant, j'ai
quand même savouré ce moment particulier d'approche de la Réunion par bateau, à
l'image de nos ancêtres qui l'ont ainsi abordée pendant des siècles. Il me
semble que ce parallèle vient assez naturellement entre cette façon de voyager
et les visions qu'ont probablement eues nos lointains ancêtres, à commencer par
les grands explorateurs. Je suis allé me recoucher un peu pour profiter
au mieux des derniers instants de cette première traversée.
Alors que
nous passions au large de Saint-Denis peu après 8h, la proximité de l'aéroport
de Gillot se signala avec la vision d'un avion sur le point d'atterrir, que
j'ai suivi jusqu'au terme de la manœuvre, réalisant que la piste était vraiment
au bord de l'eau ! J'ai pensé alors que des gens avaient probablement aperçu Bluenote
par le hublot, réalisant comme moi et au même instant qu'il y avait donc
toujours plusieurs façons d'aller à la Réunion, bien que la voie maritime soit
naturellement beaucoup moins utilisée de nos jours.
Quant à
ce premier aperçu de la Réunion, c'était comme je l'imaginais, tout en restant
assez impressionnant vu de mer : une montagne tombant dans l'eau, avec de
grandes pentes, et des maisons parfois bien perchées sur les flancs du relief.
La route du littoral semblait improbable et
minuscule au pied de ces falaises. En longeant cette côte nord, nous avancions
bien, poussés par un alizé encore bien établi, tandis que l'état de la mer
s'améliorait un peu, et que je me sentais presque bien, en observation
permanente. Notre objectif se rapprochait, juste après la pointe des Galets,
que nous apercevions au loin :
Et comme
parfaitement prévu par les modèles météo, le vent tomba brutalement à
l'approche de la pointe, zone souvent déventée. Du coup, pour continuer à
avancer un peu et arriver au Port, on a remis le moteur pour la dernière heure.
Au moment de doubler la pointe des Galets, joli panorama à l'arrière vers les
hauts :
Puis vint l'entrée au port :
Une autre
vue de l'entrée :
Nous
avons retrouvé la place réservée par Paul, le cousin de ma mère et futur
équipier, sans problème. Une fois le bateau amarré, nous avons attendu la
visite du service des douanes. Il faut que j'explique ici l'importance de ce
point : la raison pour laquelle j'ai passé si peu de temps à Maurice, c'était
qu'il y sévit actuellement une épidémie de fièvre aphteuse, qui touche le
bétail. La Réunion a nettement élevé son niveau de contrôle de tout ce qui
vient de Maurice, les formalités douanières y sont plus draconiennes, et
nécessitaient que nous nous présentions au plus tard le vendredi 23 après-midi
pour les passer avant le week-end, sinon il aurait fallu attendre lundi matin
pour poser le pied à terre à la Réunion. L'option d'attendre un peu à
Maurice restait possible, cependant, notamment pour des raisons de vent plus
favorable, il a donc été décidé de partir dès le jeudi pour arriver vendredi à
la Réunion.
Nous
avons donc attendu l'arrivée des 3 douaniers, plutôt sympathiques d'ailleurs,
qui nous ont bien expliqué le contexte et qui nous ont justifié le fait de
saisir une grande partie de notre nourriture, même les quelques kilos de fruits
et légumes très appétissants qui venaient de Maurice. Ils sont donc repartis du
bateau avec de grands sacs poubelle bien remplis de nos vivres, notamment la
salade de riz qui devait encore nous faire un repas ou deux. En partant, vers
midi, on leur a demandé de nous indiquer et conseiller un petit resto au Port,
pour nous dépanner. Nous avons ensuite fait le tour du port à pied pour
rejoindre le "Lou Landais", déguster un magret de canard au poivre
pas très couleur locale, mais très apprécié !
Ci-dessus, une vue du port de plaisance. En
dessous, une vue d'une des rues débouchant sur le port :
En
rentrant, nous sommes passés récupérer un accès Internet via le wifi du port,
que j'utilise actuellement, puis nous reposer un peu de cette traversée courte
mais fatigante. Ce que j'ai trouvé désagréable sur cette partie de l'Indien,
entre Maurice et Réunion, c'est le mouvement assez irrégulier du bateau.
J'admets bien que ça bouge, c'est naturel, attendu, mais ça me semble quand
même beaucoup plus supportable quand ce mouvement est régulier, ce qui n'était
pas vraiment le cas. L'Indien est réputé pour être pénible à naviguer, pour ces
multiples houles qui se superposent de façon un peu chaotique, j'en ai déjà eu
un petit aperçu !
Un peu
plus reposé, à quai, j'ai fait un petit bilan de cette première traversée avec
Georges, qui pense que les conditions de fatigue avancée liées au voyage,
couplées à un enchaînement rapide sur le bateau pour la première traversée,
expliquent l'inconfort de ce premier contact avec le large. Je mentirais en
disant que je suis complètement rassuré pour la vraie traversée à venir, mais
l'hypothèse me semble raisonnable. En tout cas, cela n'entame pas mon optimisme
concernant les conditions de la future grande traversée, je pense que bien
reposé, et amariné au bout de quelques jours, ça devrait aller.
Vendredi soir, le cousin Paul avait organisé au
Club Nautique Portois voisin un apéro dinatoire avec les passionnés de voile du
Club, dont il fait partie, pour nous souhaiter la bienvenue. Pas de doute : ce
fut un bel accueil, chaleureux. Après quelques punch, nous sommes allés trouver
un sommeil bien réparateur à bord du bateau.
des photos ouf!! c'est bien de changer un peu!!
RépondreSupprimerC'est pas faux Thierry ! Et c'est l'avantage d'avoir des auteurs multiples à ce blog.
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