Mercredi 5 Octobre
Mercredi matin, Georges s'est levé bien tôt, pas
rassuré par les perspectives météo. On préfère en général prévoir un peu de
marge pour naviguer, en tâchant d'éviter les coups de tabac. Dans le cas
précis, il y a une route possible, qui ne laisse pas beaucoup de marge. Nous
avons donc passé à nouveau pas mal de temps à étudier les options possibles,
assez perplexes car les différents modèles de référence n'indiquaient pas tout
à fait les mêmes risques aux mêmes moments.
En parlant de risque, il faut garder à l'esprit que,
pendant que nous nous inquiétions de ce qui pouvait nous attendre, ce même
mercredi, au large, la mer était déchaînée par une tempête, une vraie, qui
sévissait sur toute la zone, et dont nous nous étions fort heureusement
protégés en faisant cette escale, pas simple dans ses modalités, à Port Ehoala.
Quelques précisions sur ce port, d'ailleurs : il n'a que quelques années
d'existence (ouverture en 2009), et est lié à l'exploitation minière Rio Tinto
QMM (qui exploite l'ilménite, dont on extrait du titane), mais il sert aussi à
approvisionner la région, en recevant des cargos. C'est d'ailleurs ce qui s'est
produit ce mercredi, les deux remorqueurs du port sont sortis pour accompagner
un cargo qui arrivait.
Cette mine ainsi que l'activité portuaire offrent de
nombreux emplois aux locaux, qui doivent être parmi les plus rémunérateurs du
coin, et d'après ce qu'on a pu en juger, le souci de sécurité est très élevé.
Ce mercredi matin, l'activité était très importante sur le port, on commençait
à décharger les conteneurs du cargo. Vers 9h, nous avons quitté le bateau et
commandé par radio (canal 11) une navette pour nous escorter hors de la zone
portuaire. De là, nous sommes allés au bureau du très sympathique Martial, qui
nous avait proposé d'y passer pour profiter autant que nécessaire de son accès
wifi, bien pratique pour consulter de nombreuses autres cartes météo, et
envoyer quelques infos sur ce blog !
Mais ces bureaux du port (dans des algeco voisins)
ne sont vraiment pas pensés pour recevoir du public. Grâce au mot de passe
fourni par Martial, je me suis connecté sur le réseau local des bureaux… mais
impossible d'accéder à Internet pour autant, on est pas dans un cybercafé.
Pendant 20 minutes j'ai essayé de déterminer quelle était la configuration du
réseau local, et en tâtonnant, avec l'aide du téléphone bien configuré de
Martial, j'ai réussi à bien paramétrer le réseau à la main sur mon ordi. Il me
manquait alors une information capitale (une adresse de serveur DNS pour les
initiés), que Sébastien, fils de notre équipier Paul, mon cousin donc, nous a
fourni par téléphone depuis la Réunion, ouf ! Ça marchait !
Illustration de la
non-adaptation du port : quai beaucoup trop haut et
échelle de corde de
fortune pour permettre de sortir du bateau !
J'ai tenu à relater cette anecdote qui illustre par
cet autre détail l'incongruité de notre présence dans ce lieu absolument pas
adapté et habitué à recevoir des gens de l'extérieur, comme nous. D'ailleurs,
nous ne savions toujours pas combien nous coûteraient les quelques jours ici au
port, les premières estimations à multiples zéros nous ayant quelque peu
estomaqués.
La route, quasi déserte
et très large pour laisser passer les camions convoyeurs de minerai, qui relie
le port à la ville
Ensuite, nous avions décidé d'essayer un des restos
du coin qui avait de bonnes notes sur TripAdvisor, nous sommes donc allés au
"Local, chez Georges", tiens donc, pour déjeuner. Le cadre était
vraiment sympa, et la nourriture appréciable, à un prix très correct (10
Euros/personnes repas complet, tout compris). Redy, notre taxi, a déjeuné avec
nous et nous a dévoilés par moments quelques données locales. Il nous a expliqué
qu'à cause de l'instabilité politique, le nombre de touristes avait chuté
dramatiquement ces dernières années, rendant la vie locale encore plus
difficile, et qu'un resto comme "cher Georges" faisait avant bien
souvent le plein, alors que nous y avons déjeuné quasiment seuls…
Vue de Fort Dauphin
(Tolanaro en malgache) vers la mi-journée
Notre taxi, en très bon
état pour les standards du coin, devant un joli point de vue sur la baie
Pendant le déjeuner, nous avons à nouveau beaucoup
parlé de la météo à venir, une dépression sur notre trajet nous inquiétait pas
mal pour le lundi 10, mais la prévision semblait très incertaine tant les
modèles divergeaient, certains scénarios pessimistes nous ayant un peu
refroidis (bon coup de tabac). Mais nous étions résolus à partir, si possible,
le lendemain jeudi 6, parce que ça pouvait quand même passer dans des
conditions raisonnables, et que sur cette zone assez perturbée, une fenêtre
parfaite pour la météo doit assez rarement se présenter. Et puis, patienter,
pour combien de temps, au juste ?
En arrivant devant
"chez Georges" pour déjeuner
En sortant de table, nous sommes allés voir la plage
voisine, plage de Libanona, très jolie, mais à peine nous étions nous approchés
de la plage qu'un groupe de fillettes est venue nous voir pour nous proposer
bracelets, colliers, etc… La grande pauvreté, la misère… Difficile de les
repousser, et en même temps, je ne souhaitais rien acheter. Nous avions à faire
et nous avons quitté la plage assez vite, mais jusqu'à l'entrée dans le taxi,
elles ne nous ont pas quitté d'une semelle. Nous avons quitté ce bel endroit
pour aller faire quelques courses (pain, légumes), avant de regagner le port,
puis le bateau, en ayant prévenu le port que nous comptions partir le
lendemain, la décision était enfin prise !
La plage de Libanona
voisine du restaurant
Les derniers modèles météo confirmaient bien que le
trajet était raisonnablement faisable, sans danger, avec des phases plus
embêtantes (vent contraire, voire pas trop de vent) mais d'autres très
convenables. Nous pouvions donc partir, à supposer qu'on ne nous retienne pas
au port trop longtemps pour diverses formalités ! La principale inconnue, qui
s'est montrée sur tous les modèles, c'est un coup de vent qui doit arriver sur
la zone de Richards Bay entre mardi soir et mercredi midi, ce qui ne nous
laisse pas vraiment la même marge pour atteindre le port avant cela… On verra
bien !
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