mardi 4 octobre 2016

Traversée La Réunion-Fort Dauphin, Madagascar – 3



" Troisième jour en mer

Dimanche,

Aujourd'hui le vent et la mer se sont renforcés plus que prévu par les fichiers météo. Ces derniers nous annonçaient 20 nœuds alors que nous constatons plutôt 30 à 35.

À la fin de mon quart vers 6h00 le bateau a même fait une pointe à 18 nœuds. Du coup j'ai fini le quart avec mon appareil photo pour tenter d'immortaliser cette vitesse mais le mieux que j'ai pu attraper, en photo, c'est 15,7 ce qui n'est pas si mal :
Toute la journée nous n'avons fait que réduire la toile en enroulant progressivement le foc et en prenant des ris dans la GV.
Avant la nuit Georges a pris le 3ème et dernier ris par sécurité tandis que le foc était roulé à 90 %.

La mer n'est pas en reste et a sérieusement grossi. De petites collines liquides nous accompagnent et de temps en temps une vague plus grosse que les autres vient inonder le cockpit en explosant sur la coque au vent dans un bruit de fracas qui ébranle Bluenote lequel poursuit néanmoins imperturbablement sa route tandis que l'eau s'évacue !

Du coup nous avons déserté le cockpit et nous vivons à l'intérieur dans le carré. Nous ne sortons que pour les manœuvres et le contrôle visuel des navires, de l'état de la mer et des voiles en veillant à ne pas nous faire détremper ce qui n'est pas gagné d'avance... François qui tente de prendre des photos des manœuvres à bien du mal à garder son appareil photo à l'abri des embruns.

Finis les repas pris à l'extérieur à l'ombre du bimini, à présent nous sommes confinés dans le carré et faire la cuisine ou la vaisselle est devenu un numéro d'équilibriste. Nos déplacements tiennent plus de la danse des sioux que de la marche nuptiale mais nous nous adaptons à la situation et aux éléments.

De temps en temps une vague colérique heurte violemment le plancher faisant "sursauter" les verres, les assiettes et l'équipage.

Georgio fronce les sourcils, il n'aime pas quand le bateau souffre même s'il sait qu'il est conçu pour ce genre de conditions. C'est quand ces phénomènes se produisent trop souvent qu'il songe à abattre un peu ou à réduire encore la voilure pour soulager le bateau.

Cependant même si cela n'est pas très confortable, nous essayons de rester au nord de la route pour pouvoir abattre (descendre dans le sens du vent) quand nous atteindrons la côte malgache si nous y trouvons les vents forts annoncés car il vaut mieux nous garder cette possibilité.

Difficile de lire dans ces conditions, du coup je vais me coucher de bonne heure pour être en forme pour mon quart à 3h00 tandis que François commence le sien (21h00 à minuit).

Quand je me réveille vers 3h moins 10 je constate que le vent et la mer ont faibli. C'est bien ce qu'il m'avait semblé du fond de ma couchette où les bruits et les chocs se faisaient moins violents et plus espacés.

Je relève Georgio qui m'explique la météo, le cap, la vitesse et la voilure car dans la nuit il a déroulé le foc entièrement et abattu au cap en ligne directe vers Fort Dauphin. En effet le vent ayant faiblit il craint que nous n'arrivions tard à destination. Le but étant d'arriver de jour et avant la dépression annoncée.

Par sécurité il a conservé les 3 ris dans la GV et n'envisage pas de les larguer avant le lever du jour. Cependant il me demande quand même de le réveiller si le vent tombe vers 5 nœuds.
...
Pour l'instant ce n'est pas le cas et depuis que j'ai pris mon quart le vent s'est même renforcé à 20 nœuds apparents tandis que le bateau file à 9 nœuds au vent de travers ce qui doit donc faire presque 25 de vent réel.
Une voile claque de plus en plus souvent, le vent a encore adonné, j'abats de 3 degrés pour retrouver le bon angle au vent.
Le baromètre bip ! Et annonce "vent fort attendu".
Visiblement la fête n'est pas finie...

Aucun écho sur l'AIS, je sors faire un contrôle visuel, rien à l'horizon, tout est clair, seuls le vent et les vagues animent l'obscurité.

Le bateau file dans la nuit noire... "
Paul

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